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9 décembre : journée de la laïcité
La laïcité est le produit d’une longue histoire faite de combats et d’ajustements qui ont permis de desserrer l’emprise confessionnelle d’une Église dominante tant sur les institutions que sur les individus.
Il faut toujours se souvenir que la laïcité s’est imposée comme principe d’organisation de la République au terme d’une démarche d’émancipation.
Les républicains ont toujours fait preuve à la fois de fermeté quant aux principes à fixer dans la loi et de pragmatisme dans la mise en œuvre pour faire accepter la laïcité et la rendre populaire. Ils ont d’abord séparé les Eglises et l’Ecole (1882-1886) avant de séparer les Eglises et l’Etat (1905). Le principe de laïcité repose d’un côté sur l’affirmation et la garantie de la liberté de conscience et le libre exercice des cultes dans le respect de l’ordre public démocratiquement défini, sur la stricte égalité entre les citoyens, de l’autre, sur l’affirmation d’une stricte neutralité confessionnelle de l’État et de ses services publics.
La laïcité, c’est la possibilité de vivre ensemble en étant différents. On peut être croyant, athée, agnostique, voire indifférent dans une République laïque. Et pour se rassembler, nul besoin de se ressembler ! La laïcité n’est pas davantage, comme on l’entend parfois, un outil utilisé par la République contre les religions. Elle est d’autant plus utile que la société gagne en diversité culturelle ou cultuelle.
La cohésion sociale comme défi
La question sociale, qui n’explique certes pas toutes nos difficultés, permet tout de même d’en comprendre une part non négligeable. Plus que jamais, la cohésion sociale reste un défi dans notre République. Jean Jaurès nous a prévenus : «La République doit être laïque et sociale mais restera laïque parce qu’elle aura su être sociale.» Quand, pour beaucoup de citoyens, ne sont pas satisfaits les besoins économiques et sociaux fondamentaux, on voit, comme à chaque période de détresse sociale, ressurgir le repli sur soi et la peur de l’autre. L’existence des zones d’exclusion et les discriminations sont incompatibles avec l’idéal républicain. Ce qui menace l’unité de la société, c’est à la fois le fanatisme religieux et l’inégalité persistante et croissante des conditions et les discriminations. Quand la cité, l’école ou l’entreprise n’offrent pas le sentiment d’être chez soi, à égalité avec les autres, la religion devient un refuge, parfois le seul, pour ceux qui se sentent rejetés par la société. Dans ce contexte, la religiosité qui se développe est à la fois un « retour du religieux » et un « recours au religieux ».
Mais le repli identitaire à base religieuse est aussi une réalité et n’a pas toujours à voir avec la question sociale. Il y a chez certains une incontestable instrumentalisation du religieux pour essayer de se soustraire aux lois de la République. Cette pression du religieux sur le politique, qui touche une partie du corps social et qui peut concerner tous les sujets (en particulier l’égalité entre les femmes et les hommes), toutes les religions et tous les territoires, doit être combattue sans faiblesse. Si la laïcité protège le droit de croire ou de ne pas croire des individus dès lors qu’il est le produit de leur liberté, le droit aussi de s’extraire de son groupe d’origine, il ne faut rien céder à ceux qui prétendent que les lois de leur Dieu sont supérieures aux lois de la République. La Ligue de l’enseignement, mouvement d’éducation populaire qui a grandement contribué, dès sa création, à faire partager le principe de laïcité par les citoyens en développant des actions culturelles, sportives, associatives ou encore de loisirs, a pris historiquement, prend aujourd’hui, et prendra demain toute sa part dans ce combat.
Pour aller plus loin : notre texte de référence La Laïcité, une émancipation en actes